Rénovation d’un presbytère en habitation
Région naturelle du Perche, FR
Design / Réalisation
MO : Privé
Coût : 600 K€HT
Surface : 300 m² + dépendances
Livraison : 2023
Dans le Perche, Joseph Grappin a transformé un presbytère en maison de campagne d’une grande famille. Une résidence secondaire aujourd’hui qui pourrait bien, à terme, devenir principale !
Cette rénovation est avant tout une belle histoire de fidélité. Vers 2013-2014, Joseph Grappin rénove un appartement parisien pour l’adapter à une famille nombreuse. Quelques années après, ces mêmes clients acquièrent une résidence secondaire dans le Perche, et recontactent naturellement l’architecte qui a su si bien transcrire dans l’espace leur mode de vie pour lui proposer une nouvelle collaboration.
Le projet est de taille et nécessitera une étude assez longue, mais les propriétaires investissent dans le temps et préfèrent le prendre pour mener le projet. Ainsi, cinq ans seront nécessaires pour transformer un ancien presbytère en une vaste maison ouverte sur la campagne alentour.
Avec la mission de concevoir un lieu où se réunir en famille avec les enfants déjà grands, tout en prévoyant à long terme l’accueil de petits-enfants ! Cet objectif implique de penser un certain nombre de chambres, de prévoir une cuisine et une salle à manger en conséquence, un vestiaire adapté aux usages de la campagne…
Le bâti datant du XIXe siècle, il faut travailler de concert avec les architectes des Bâtiments de France, ne serait-ce que pour ouvrir littéralement la maison sur l’extérieur en trouvant des alternatives aux baies vitrées : cette rénovation doit respecter les lignes classiques initiales tout en répondant aux modes de vie d’aujourd’hui.
Le rez-de chaussée s’étend sur une surface de 150 mètres carrés, reproduits à l’étage, en dessous de combles inhabités.
Le défi ? Retrouver des connexions, des éléments fédérateurs dans un espace extrêmement sombre et divisé, fluidifier la circulation, avec une intervention majeure dès le couloir d’origine, à l’entrée, transformé en « hub » de connexions.
L’architecte ouvre le volume – au départ, une cloison – avec un principe de claustra en bois, tout en gardant l’ossature de ce mur de refend. Le salon et la salle à manger deviennent traversants, reliés par des portes coulissantes. Un principe que l’on retrouve à l’étage dans la chambre des parents, avec dressing et salle de bains.
L’étage comprend d’ailleurs cinq chambres avec des salles de bains attenantes, quasi toutes équipées de lits doubles, sauf celle avec des lits d’enfants. La distribution des pièces est pensée pour être évolutive : au rez-de-chaussée, une pièce polyvalente – qui sert actuellement de bureau, de coin salon, de bibliothèque… – est imaginée pour être possiblement transformée en chambre facile d’accès pour des personnes à mobilité réduite. Pour la même raison, ce niveau est équipé d’une salle de bains.
L’équilibre entre le respect du passé et l’inscription contemporaine tient beaucoup au choix des matériaux.
Ainsi, si Joseph Grappin a choisi de laisser visibles quelques strates de l’histoire de la demeure en laissant apparaître à certains endroits la pierre de taille de l’époque, voire la brique à l’étage, le bois (du chêne massif) assure un fil conducteur harmonieux dans la maison ; très présent, depuis les volets intérieurs jusqu’aux rangements et au mobilier réalisé sur mesure… jusque dans l’isolation : celle des murs extérieurs du rez-de-chaussée et du premier étage s’est faite à l’intérieur (méthode ITI) par insufflation de ouate de cellulose dans une ossature bois. Ce qui assure une bonne inertie du bâtiment et un bon confort été comme hiver.
Si la redistribution des pièces permet de gagner en luminosité et en lumière naturelle, elle bénéficie aussi de l’ouverture de la maison sur l’extérieur. Le terrain sur lequel la maison est située amorce une pente prolongée d’une plaine et offre à la demeure, en position dominante, des points de vue lointains sur les champs et les forêts du Perche. Tout en respectant la continuité des lignes classiques du bâtiment, l’architecte a ainsi travaillé l’intégration au jardin, et plus largement sur le paysage en repositionnant la terrasse dans un jeu d’emmarchement. Fondu dans le décor par l’utilisation de la pierre de travertin, cet espace se distingue néanmoins par la présence forte de La Dame de Mauves, une sculpture de Xavier Dambrine créée à partir du tronc d’un arbre du site qui avait dû être coupé.
Rédaction : Nathalie Degardin
Publié le 15/07/2025 dans À VIVRE – Hors-Série #65